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Jean, à Éphèse, grandissait chaque jour[1]. Sa suprématie fut reconnue dans toute la province, sauf peut-être à Hiérapolis, où habitait Philippe[2]. Les Églises de Smyrne, de Pergame, de Thyatires, de Sardes, de Philadelphie, de Laodicée l’avaient adopté pour chef, écoutaient avec respect ses avertissements, ses conseils, ses reproches. L’apôtre, ou ceux qui se donnaient le droit de parler pour lui, prenaient en général le ton sévère. Une grande rudesse, une intolérance extrême, un langage dur et grossier contre ceux qui pensaient autrement que lui, paraissent avoir été une partie du caractère de Jean[3]. C’est, dit-on, en vue de lui que Jésus promulgua ce principe : « Qui n’est pas contre nous est pour nous[4] » La série d’anecdotes qu’on raconta plus tard afin de relever sa

    20-21 ; Marc, x, 35-37), le royaume de Dieu des fils de Zébédée est également tout charnel.

  1. Les légendes qui placent à côté de lui, à Éphèse, Marie mère de Jésus, sont sans valeur. Saint Épiphane (hær. lxxviii, 11) les repousse.
  2. C’est sans doute pour cela que Hiérapolis ne compte pas parmi les sept villes à qui l’apôtre, dans l’Apocalypse, adresse des admonitions.
  3. Irénée, Adv. hær., III, iii, 4 ; Eusèbe, H. E., III, xxviii, 6. Comparez Apoc., ch. ii et iii ; II Joh., 10-11 ; III Joh., 9-10.
  4. Marc, ix, 38-40.