grand nombre de disciples, en tout cas, qui avaient vu les apôtres à Jérusalem, se retrouvèrent en Asie, et semblent y avoir mené cette vie vagabonde de ville en ville qui était si fort dans le goût des juifs[1]. Peut-être les mystérieux personnages appelés Presbyteros Johannes et Aristion furent-ils du nombre des émigrés[2]. Ces auditeurs des Douze répandirent en Asie la tradition de l’Église de Jérusalem, et achevèrent d’y donner la prépondérance au judéo-christianisme. On les questionnait avidement sur les dires des apôtres et sur les paroles authentiques de Jésus. Plus tard, ceux qui les avaient vus étaient si fiers d’avoir pu puiser à cette source pure, qu’ils dédaignaient les petits écrits qui avaient la prétention de rapporter les discours de Jésus[3].
C’était quelque chose de bien particulier que l’état d’âme où vivaient ces Églises, perdues au fond d’une province dont le climat tranquille et le ciel profond semblent porter à la mysticité. Nulle part
- ↑ Papias, dans Eusèbe, H. E., III, 39. La même chose résulte de l’appel incessant que fait Irénée à la tradition des « anciens » qui avaient vécu avec les apôtres, et dont il a reçu les dires par son maître Polycarpe.
- ↑ Papias, ibid. Je regarde cependant comme plus probable que Presbyteros Johannes et Aristion furent d’une génération postérieure et qu’il faut lire dans Papias : οἱ τοῦ κυρίου [μαθητῶν] μαθηταί.
- ↑ Papias, ibid.