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de Pierre, qui était sûrement apocryphe[1]. Si, dans l’Apocalypse qui est restée canonique, l’auteur donne son nom véritable, c’est là une surprenante exception aux règles du genre. — Eh bien, cette exception, nous croyons qu’il faut l’admettre. Une différence essentielle sépare, en effet, l’Apocalypse canonique des autres écrits analogues qui nous ont été conservés. La plupart des apocalypses sont attribuées à des auteurs qui ont fleuri ou sont censés avoir fleuri des cinq et six cents ans, quelquefois des milliers d’années en arrière. Au IIe siècle, on attribua des apocalypses aux hommes du siècle apostolique. Le Pasteur et les écrits pseudo-clémentins sont de cinquante ou soixante ans postérieurs aux personnages à qui on les attribue. L’Apocalypse de Pierre fut probablement dans le même cas ; au moins, rien ne prouve qu’elle eût rien de particulier, de topique, de personnel. L’Apocalypse canonique, au contraire, si elle est pseudonyme, aurait été attribuée à l’apôtre Jean du vivant de ce dernier, ou très-peu de temps après sa mort. N’était les trois premiers chapitres, cela serait strictement possible ; mais est-il concevable que le faussaire eût eu la hardiesse d’adresser son œuvre apocryphe aux

  1. Canon de Muratori, lignes 70-72 ; stichométrie du Codex claromontanus, dans Credner, Gesch. der neutest. Kanon, p. 177.