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le propre des mouvements populaires de mêler ensemble tout ce qui agite l’imagination des foules, au moment où ils s’accomplissent ; un phénomène naturel, un grand crime, une foule de choses accidentelles ou sans lien apparent sont liées et fondues ensemble dans la grande rapsodie que l’humanité compose de siècle en siècle. C’est ainsi que l’histoire du christianisme s’est incorporé tout ce qui, aux diverses époques, a ému le peuple. Néron et la Solfatare y ont autant d’importance que le raisonnement théologique ; il y faut faire une place à la géologie et aux catastrophes de la planète. De tous les phénomènes naturels, d’ailleurs, les tremblements de terre sont ceux qui portent le plus l’homme à s’humilier devant les forces inconnues ; les pays où ils sont fréquents, Naples, l’Amérique centrale, ont la superstition à l’état endémique ; il en faut dire autant des siècles où ils sévissent avec une violence particulière. Or, jamais ils ne furent plus communs qu’au premier siècle. On ne se souvenait pas d’un temps où l’écorce du vieux continent eût été si fort agitée[1].

Le Vésuve préparait son effroyable éruption de 79.

  1. Juvénal, vi, 411 ; Carm. sibyll., III, 341, 401, 449, 457, 459 et suiv. ; IV, 128-129. M. Julius Schmidt, directeur de l’observatoire d’Athènes, qui a fait un catalogue des tremblements de