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Vindex et Verginius avait été effroyable ; la Galilée était le théâtre d’une extermination sans exemple ; la guerre de Corbulon chez les Parthes avait été très-meurtrière. On pressentait pis encore dans l’avenir : les champs de Bédriac et de Crémone vont bientôt exhaler une fumée de sang. Les supplices faisaient des amphithéâtres autant d’enfers. La cruauté des mœurs militaires et civiles avait banni du monde toute pitié. Retirés tremblants au fond de leurs asiles, les chrétiens se redisaient sans doute déjà des mots que l’on prétait à Jésus[1] : « Quand vous entendrez parler de guerres et de bruits de guerre, ne vous en troublez pas ; il faut que cela soit ; ce n’est pas encore la fin. On verra se lever nation contre nation, royaume contre royaume ; il y aura de grands tremblements de terre, des épouvantements, des famines, des pestes de tous les côtés et de grands signes dans le ciel. Ce sont là les commencements des douleurs[2]. »

La famine, en effet, se joignait aux massacres.

  1. Matth., xxiv, 6-8 ; Marc, xiii, 7-9 ; Luc, xxi, 9-ll.
  2. Sur les fléaux et en particulier sur la famine, envisagés comme signes de la venue du Messie, voyez Mischna, Sota, ix, 15 ; Talm. de Bab., Sanhedrin, 97 a ; Pesikta derabbi Kahna (édit. Buber), 51 b ; Pesikta rabbathi, ch. i, sub fin., et ch. xv ; le midrasch Othoth ham-maschiah, dans le Beth ham-midrasch de Jellinek, II, p. 58-63.