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guère se refuser à voir en lui un apôtre ou un dignitaire ecclésiastique tout à fait hors de ligne. Or Jean l’apôtre n’avait, dans la seconde moitié du premier siècle, aucun homonyme qui approchât de son rang. Jean-Marc, quoi qu’en dise M. Hitzig, n’a rien à faire ici. Marc n’eut jamais des relations assez suivies avec les Églises d’Asie pour qu’il ait osé s’adresser à elles sur ce ton. Reste un personnage douteux, ce Presbyteros Johannes, sorte de sosie de l’apôtre, qui trouble comme un spectre toute l’histoire de l’Église d’Éphèse, et cause aux critiques tant d’embarras[1]. Quoique l’existence de ce personnage ait été niée, et qu’on ne puisse réfuter péremptoirement l’hypothèse de ceux qui voient en lui une ombre de l’apôtre Jean, prise pour une réalité, nous inclinons à croire que Presbyteros Johannes a en effet son identité à part[2] ; mais qu’il ait écrit l’Apocalypse en 68

  1. Voir Vie de Jésus, 13e édit., p. lxxii-lxxiii et p. 160.
  2. Papias, dans Eus., H. E., III, 39 ; Denys d’Alexandrie, dans Eus., H. E., VII, 25. Ces deux passages ne créent pas la certitude. En effet, Denys d’Alexandrie se contente d’induire a priori de la différence du quatrième Évangile et de l’Apocalypse la distinction de deux Jean, hypothèse dont il trouve la confirmation dans deux tombeaux « qu’on dit avoir existé à Éphèse et porter tous les deux le nom de Jean. » Le passage de Papias est peu précis, et, en toute hypothèse, paraît avoir besoin de correction. Le passage Const. apost., VII, 46, est de médiocre autorité. Quant à Eusèbe (H. E., III, 39), il fait simplement un rappro-