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repos, loin des agitations des hommes, l’heure de l’apparition de Jésus. La communauté vécut de ses épargnes ; on crut que Dieu lui-même prenait soin de la nourrir[1], et plusieurs virent dans un pareil sort, si différent de celui des juifs, un miracle que les prophètes avaient prédit[2]. Sans doute les chrétiens de Galilée, de leur côté, avaient passé à l’orient du Jourdain et du lac, dans la Batanée et la Gaulonitide. De la sorte, les terres d’Agrippa II furent un pays d’adoption pour les judéo-chrétiens de Palestine. Ce qui donna une rare importance à cette chrétienté réfugiée, c’est qu’elle emmenait avec elle les restes de la famille de Jésus, entourés du plus profond respect et désignés en grec par le nom de desposyni, « les proches du Maître[3] ». Nous verrons bientôt, en effet, la chrétienté transjordanique continuer l’ébionisme, c’est-à-dire la tradition même de la parole de Jésus[4]. Les Évangiles synoptiques naîtront d’elle.

  1. Apoc., xii, 6, 14.
  2. Eusèbe, Demonstr. evang., VI, 18.
  3. Δεσπόσυνοι. Eus., H. E., I, vii, 14.
  4. Épiph., hær. xxix, 7 ; xxx, 2.