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expliquer la révolution française par la sortie du bagne de quelques milliers de galériens. La pure scélératesse n’a jamais rien fait dans le monde. Le vrai, c’est que les soulèvements populaires, étant l’œuvre d’une conscience obscure et non de la raison, se compromettent par leur propre victoire. Selon la règle de tous les mouvements du même genre, la révolution de Jérusalem n’était occupée qu’à se décapiter elle-même. Les meilleurs patriotes, ceux qui avaient le plus contribué aux succès de l’an 66, Gorion, Niger le Péraïte, furent mis à mort. Toute la classe aisée périt[1]. On fut surtout frappé de la mort d’un certain Zacharie, fils de Baruch, le plus honnête homme de Jérusalem, et fort aimé de tous les gens de bien. On le traduisit devant un jury révolutionnaire, qui l’acquitta à l’unanimité. Les zélotes le massacrèrent au milieu du temple. Ce Zacharie, fils de Baruch, put être un ami des chrétiens ; car on croit remarquer une allusion à lui dans les paroles prophétiques que les évangélistes prêtent à Jésus sur les terreurs des derniers jours[2].

Les événements extraordinaires dont Jérusalem était le théâtre frappaient, en effet, au plus haut degré les chrétiens. Les paisibles disciples de Jésus,

  1. Jos., B. J., IV, v, 3-vii, 3.
  2. Matth., xxiii, 34-36. Voyez cependant Vie de Jésus, 13e édit., p. 366.