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fabrication des armes, à paralyser la résistance en se donnant l’air de l’organiser. C’est le jeu le plus redoutable en temps de révolution ; Hanan était bien ce que les révolutionnaires appellent un traître[1]. Il avait aux yeux des exaltés le tort de voir clair ; aux yeux de l’histoire, on ne peut l’absoudre d’avoir accepté la plus fausse des positions, celle qui consiste à faire la guerre sans y croire, uniquement parce que l’on est poussé par des fanatiques ignorants. Le trouble était affreux dans les provinces. Les régions tout arabes[2] à l’orient et au sud de la mer Morte jetaient sur la Judée des masses de bandits, vivant de pillage et de massacres. L’ordre dans de telles circonstances était impossible ; car, pour établir l’ordre, il eût fallu expulser les deux éléments qui faisaient la force de la révolution, le fanatisme et le brigandage. Situations terribles que celles où l’on n’a de choix qu’entre l’appel de l’étranger et l’anarchie ! Dans l’Acrabatène[3], un jeune et brave partisan, Simon, fils de Gioras, pillait et torturait les riches[4]. En Galilée, Josèphe essayait en vain de maintenir

  1. Jos., B. J., II, xxii, 1.
  2. La langue des inscriptions nabatéennes est le syriaque ; mais les noms propres qu’on y trouve sont arabes, Obéis, Jamer, etc.
  3. Pays situé sur les confins de la Judée et de la Samarie.
  4. Jos., B. J., II, xxii, 2 ; IV, ix, 3 et suiv.