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s’envenimer. De misérables espiègleries ou peut-être des inadvertances de la part des Syriens devenaient des crimes, des injures aux yeux des juifs. Les jeunes gens menaçaient, se battaient ; les hommes graves se plaignaient à l’autorité romaine, qui d’ordinaire faisait donner la bastonnade aux deux parties[1]. Gessius Florus y mettait plus d’humanité : il commençait par se faire payer des deux côtés, puis se moquait des demandeurs. Une synagogue qui avait un mur mitoyen, une cruche et quelques volailles tuées qu’on trouva à la porte de la synagogue et que les juifs voulurent faire passer pour les restes d’un sacrifice païen, étaient les grosses affaires de Césarée, au moment où Florus y rentra, furieux de l’insulte que lui avaient faite les gens de Jérusalem.

Quand on apprit, quelques mois après, que ces derniers avaient réussi à chasser complètement les Romains de leurs murs, l’émotion fut très-vive. La guerre était ouverte entre la nation juive et les Romains ; les Syriens en conclurent qu’ils pouvaient impunément massacrer les Juifs. En une heure, il y en eut vingt mille d’égorgés ; il n’en resta pas un seul dans Césarée ; Florus, en effet, ordonna de saisir

  1. Jos., Ant., XX, viii, 7 ; B. J., II, xiii, 7.