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rendre complètement maîtresse de Jérusalem. Césarée était la ville où la situation des juifs et des non-juifs (ceux-ci compris sous le nom général de Syriens) présentait le plus de difficultés[1]. Les juifs composaient, dans les villes mixtes de Syrie, la partie riche de la population ; mais cette richesse, comme nous l’avons dit, venait en partie d’une injustice, de l’exemption du service militaire. Les Grecs et les Syriens, chez qui se recrutaient les légions, étaient blessés de se voir primés par des gens exempts des charges de l’État et qui se faisaient un privilège de la tolérance qu’on avait pour eux[2]. C’étaient des rixes perpétuelles, des réclamations sans fin portées aux magistrats romains. Les Orientaux prennent d’ordinaire la religion comme un prétexte de taquineries ; les moins religieux des hommes le deviennent singulièrement dès qu’il s’agit de vexer leur voisin ; de nos jours, les fonctionnaires turcs sont assaillis de doléances de ce genre. Depuis l’an 60 environ, la bataille était sans trêve entre les deux moitiés de la population de Césarée. Néron trancha les questions pendantes contre les juifs[3] ; la haine ne fit que

  1. Comp. Ialkout, I, 110 : Midrasch Eka, i, 5 ; iv, 21 ; Talm. de Bab., Megilla, 6 a.
  2. Jos., Ant., XX, viii, 7 ; B. J., II, xiii, 7.
  3. Jos., Ant., XX, viii, 7-9 ; B. J., II, xiii, 7.