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Jérusalem, la lutte s’établit, de jour en jour plus vive, entre le parti de la paix et celui de la guerre. Le premier de ces deux partis était composé des riches, qui avaient tout à perdre dans un bouleversement ; le second, outre les enthousiastes sincères, comprenait cette masse de prolétaires auxquels un état de crise nationale, supprimant les conditions ordinaires de la vie, apporte plus d’un profit. Les modérés s’appuyaient sur la petite garnison romaine, logée dans la tour Antonia. Le grand prêtre était un homme obscur, Matthias, fils de Théophile[1]. Depuis la destitution de Hanan le Jeune, qui fit mourir saint Jacques, il semble qu’on eut pour système de ne plus prendre le grand prêtre dans les puissantes familles sacerdotales des Hanan, des Canthéras, des Boëthus. Mais le vrai chef du parti sacerdotal était l’ancien grand prêtre Ananie, fils de Nébédée, homme riche, énergique, peu populaire à cause de la rigueur impitoyable avec laquelle il poursuivait ses droits, haï surtout pour l’impertinence et la rapacité de ses valets[2]. Par une singularité qui n’est pas rare en temps de révolution, le chef du parti de l’action fut justement Éléazar, fils de ce même Ananie[3]. Il exerçait la charge importante

  1. Jos., Ant., XX, ix, 7.
  2. Voir Saint Paul, p. 528, et ci-dessus, p. 52.
  3. C’est bien ici la preuve de ce qu’il y a de faux dans le sys-