Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 4 Antechrist, Levy, 1873.djvu/306

Cette page a été validée par deux contributeurs.

« Sortons d’ici ! sortons d’ici[1] ! » Tout cela ne fut rapproché qu’après coup ; mais le trouble profond des âmes était le meilleur signe qu’il se préparait quelque chose d’extraordinaire.

C’étaient surtout les prophéties messianiques qui excitaient dans le peuple un invincible besoin d’agitation. On ne se résigne pas à une destinée médiocre, quand on s’attribue la royauté de l’avenir. Les théories messianiques se résumaient pour la foule en un oracle qu’on disait tiré de l’Écriture, et selon lequel « il devait sortir vers ce temps-là de la Judée un prince qui serait maître de l’univers[2] ». Il est inutile de raisonner contre l’espérance obstinée ; l’évidence n’a aucune force pour combattre la chimère qu’un peuple a embrassée de toutes les forces de son cœur.

Gessius Florus, de Glazomènes, avait succédé à Albinus comme procurateur de Judée vers la fin de 64 ou le commencement de 65. C’était, à ce qu’il semble, un assez méchant homme ; il devait la fonction qu’il occupait à l’influence de sa femme Cléopâtre, laquelle était amie de Poppée[3]. L’animosité entre lui

  1. Jos., B. J., II, xxii, 1 ; VI, v, 34 ; Tacite, Hist., V, 13 ; Talm. de Bab., Pesachim, 57 a ; Kerithôth, 28 a ; Ioma, 39 b.
  2. Josèphe, B. J., VI, v, 4 ; Suétone, Vesp., 4, 5 ; Tacite, Hist., V, 13.
  3. Jos., Ant., XX, xi, 1 ; B. J., II, xiv, 2, 3. Certainement