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au service militaire. Partout ailleurs, les légions étaient formées de gens du pays, et c’est ainsi qu’avec des armées numériquement faibles les Romains tenaient des régions immenses[1]. Le soldat des Romains et les habitants de la contrée se trouvaient compatriotes. Il n’en était pas ainsi en Judée. Les légions qui occupaient le pays étaient recrutées pour la plus grande partie à Césarée et à Sébaste, villes opposées au judaïsme. De là l’impossibilité d’une entente quelconque entre l’armée et le peuple. La force romaine était à Jérusalem cernée dans ses retranchements et comme en un état de siège permanent.

Il s’en faut, du reste, que les sentiments des diverses fractions du monde juif fussent les mêmes à l’égard des Romains. Si l’on excepte des mondains comme Tibère Alexandre, devenus indifférents à leur vieux culte et regardés par leurs coreligionnaires comme des renégats, tout le monde était malveillant pour les dominateurs étrangers ; mais tous étaient loin de pousser à la révolte. On pouvait distinguer à cet égard quatre ou cinq partis dans Jérusalem[2] :

1o Le parti sadducéen et hérodien, les restes de la maison d’Hérode et de sa clientèle, les grandes

  1. Voir le curieux discours prêté par Josèphe à Agrippa II, B. J., II, xvi, 4.
  2. Josèphe, B. J., II, xvi, 4 : Vita, 3.