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formité. Il est dans la nature du judaïsme d’être subordonné, puisqu’il est incapable de tirer de son sein un principe de pouvoir militaire. Le même fait se remarque chez les Grecs de nos jours ; les communautés grecques de Trieste, de Smyrne, de Constantinople, sont bien plus florissantes que le petit royaume de Grèce, parce que ces communautés sont dispensées de l’agitation politique, où une race vive, mise prématurément en possession de la liberté, trouve sa perte assurée.

La domination romaine, établie en Judée l’an 63 avant J.-C. par les armes de Pompée, sembla d’abord réaliser quelques-unes des conditions de la vie juive. Rome, à cette époque, n’avait pas pour règle d’assimiler les pays qu’elle annexait successivement à son vaste empire. Elle leur enlevait le droit de paix et de guerre, et ne s’arrogeait guère que l’arbitrage sur les grandes questions politiques. Sous les restes dégénérés de la dynastie asmonéenne et sous les Hérodes, la nation juive conserva cette demi-indépendance qui aurait dû lui suffire, puisque son état religieux y était respecté. Mais la crise intérieure du peuple était trop forte. Au delà d’un certain degré de fanatisme religieux, l’homme est ingouvernable. Il faut dire aussi que Rome tendait sans cesse à rendre son pouvoir plus effectif en Orient. Les petites royautés vassales,