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telles prières valent mieux que les offrandes[1]. Les esséniens professaient la même doctrine[2]. Saint Paul, dans l’Épître aux Romains[3], déclare que la religion est un culte de la raison pure. L’Épître aux Hébreux, en développant cette théorie que Jésus est le vrai grand prêtre, et que sa mort a été un sacrifice abrogeant tous les autres, porta le dernier coup aux immolations sanglantes. Les chrétiens, même d’origine juive, cessaient de plus en plus de se croire tenus aux sacrifices légaux, ou ne s’y pliaient que par condescendance. L’idée génératrice de la messe, la croyance que le sacrifice de Jésus se renouvelle par l’acte eucharistique, apparaît déjà, mais dans un lointain encore obscur.

  1. Philon, De plantatione Noe, § 25, 28-31. Comp. Théophraste, De pietate, édit. Bernays, Berlin, 1866.
  2. Josèphe. Ant., XVIII, i, 5 ; Philon, Quod omnis probus liber, § 12.
  3. Voir Saint Paul, p. 474.