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pour aller redemander les précieuses reliques, il est probable qu’au lieu de les leur rendre, on les eût envoyés eux-mêmes rejoindre le tas de cadavres[1]. Durant quelques jours, le nom seul de chrétien fut un arrêt de mort[2]. C’est là, du reste, une question bien secondaire. Si la basilique Vaticane ne couvre pas réellement le tombeau de l’apôtre Pierre, elle n’en désigne pas moins à nos souvenirs l’un des lieux les plus réellement saints du christianisme. La place où le mauvais goût du XVIIe siècle a construit un cirque d’une architecture théâtrale fut un second calvaire, et même, en supposant que Pierre n’y ait pas été crucifié, là du moins, on n’en peut douter, souffrirent les Danaïdes, les Dircés.

Si, comme il est permis de le croire, Jean accompagna Pierre à Rome, nous pourrons trouver un fond plausible à la vieille tradition d’après laquelle Jean aurait été plongé dans l’huile bouillante[3] vers

  1. Ce qui dans les traditions romaines concerne une dame nommée Lucine, qui est censée recueillir les corps des victimes de la persécution de Néron, vient d’une confusion de date. Le Liber pontificalis (à l’article Corneille) fait de cette Lucine la conseillère du pape saint Corneille, en 252. On lui continue ce rôle légendaire jusqu’à la persécution de Dioclétien (Actes de saint Sébastien, Acta SS. Jan., II, p. 258, 278).
  2. Tacite, Ann., XV, 44.
  3. Tertullien, Præscr., 36 (cf. saint Jérôme, in Matth., xx, 23 ; Adv. Jovinian., I, 26. Cf. Eus., H. E., VI, 5). Tertullien ne fixe