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on risque de rejeter comme fausses bien des choses vraies. Le théologien, qui croit procéder par des certitudes, est, je le répète, un mauvais juge pour de telles questions. L’historien critique a la conscience en repos, quand il s’est étudié à bien discerner les degrés divers du certain, du probable, du plausible, du possible. S’il a quelque habileté, il saura être vrai quant à la couleur générale, tout en prodiguant aux allégations particulières les signes de doute et les « peut-être ».

Une considération que j’ai trouvée favorable à ces écrits (première épître de Pierre, épîtres de Jacques et de Jude) trop rigoureusement exclus par une certaine critique, c’est la façon dont ils s’adaptent à un récit organiquement conçu. Tandis que la deuxième épître attribuée à Pierre, les épîtres prétendues de Paul à Timothée et à Tite sont exclues du cadre d’une histoire logique, les trois épîtres que nous venons de nommer y rentrent pour ainsi dire d’elles-mêmes. Les traits de circonstance qu’on y rencontre vont au-devant des faits connus par les témoignages du dehors, et s’en laissent embrasser. L’Épître de Pierre répond bien à ce que nous savons, surtout par Tacite, de la situation des chrétiens à Rome vers l’an 63 ou 64. L’Épître de Jacques, d’un autre côté, est le tableau parfait de l’état des ébionim à Jérusalem dans les