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choses d’une façon qui n’atténue en rien les divisions des partis (ces divisions furent plus profondes que nous ne saurions l’imaginer), et qui permette néanmoins d’expliquer comment de pareilles divisions ont pu se fondre en une belle unité.

L’Épître de Jacques se présente à la critique à peu près dans les mêmes conditions que l’Épître de Pierre. Les difficultés de détail qu’on peut y opposer n’ont pas beaucoup d’importance. Ce qui est grave, c’est cette objection générale tirée de la facilité des suppositions d’écrits, dans un temps où il n’existait aucune garantie d’authenticité, et où l’on ne se faisait aucun scrupule des fraudes pieuses. Pour des écrivains comme Paul, qui nous ont laissé, de l’aveu de tout le monde, des écrits certains, et dont la biographie est assez bien connue, il y a deux criterium sûrs pour discerner les fausses attributions : c’est 1o de comparer l’œuvre douteuse aux œuvres universellement admises, et 2o de voir si la pièce en litige répond aux données biographiques que l’on possède. Mais s’il s’agit d’un écrivain dont nous n’avons que quelques pages contestées et dont la biographie est peu connue, on n’a le plus souvent pour se décider que des raisons de sentiment, qui ne s’imposent pas. En se montrant facile, on risque de prendre au sérieux bien des choses fausses. En se montrant rigoureux,