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mérité le dernier supplice eurent horreur de ces cruels plaisirs. Les hommes sages eussent voulu qu’on fît seulement ce qu’exigeait l’utilité publique, qu’on purgeât la ville d’hommes dangereux, mais qu’on n’eût pas l’air de sacrifier des criminels à la férocité d’un seul[1].

Des femmes, des vierges furent mêlées à ces jeux horribles[2]. On se fit une fête des indignités sans nom qu’elles souffrirent. L’usage s’était établi sous Néron de faire jouer aux condamnés dans l’amphithéâtre des rôles mythologiques, entraînant la mort

  1. Tacite, Ann., XV, 44 ; Suét., Néron, 16 ; Clém. Rom., Ad Cor. I, c. 6 ; Tertullien, Apol., 5 (il en appelle aux commentarii officiels) ; Ad nat., I, 7 ; Scorpiace, 15 ; Eus., H. E., II, 22, 25 ; Chron., ad ann. 13 Ner. ; Lactance, De mort. persec., 2 ; Sulpice Sévère, Hist. sacra, II, 29 ; Orose, VII, 7 ; Grégoire de Tours, I, 24 ; Georges le Syncelle, Chron., p. 339. L’écho de cette persécution et les allusions aux supplices qu’on fit souffrir aux chrétiens se trouvent dans Apoc., vi, 9 et suiv. ; vii, 9 et suiv. ; xii, 10-12 et même 17 ; xiii, 7, 10, 15-16 ; xiv, 12-13 ; xvi, 6 ; xii, 6 ; xviii, 24 ; xx, 4 ; Hebr., x, 32 et suiv. ; Pasteur d’Hermas, I, visio iii, c. 2 ; Carm. sibyll., IV, 136 ; V, 136 et suiv., 385 et suiv., peut-être Matth., xxiv, (θλίψις). Nous montrerons bientôt que l’Apocalypse est sortie directement de la persécution de Néron. L’inscription relative à cette persécution (Orelli, no 730) est fausse.
  2. Clém. Rom., Ad Cor. I, c. 6. Διὰ ζῆλος διωχθεῖσαι γυναῖκες Δαναΐδες καὶ Δίρκαι, αἰκίσματα δεινὰ καὶ ἀνόσια παθοῦσαι ἐπὶ τὸν τῆς πίστεως βέϐαιον δρόμον κατήντησαν, καὶ ἔλαϐον γέρας γενναῖον αἱ ἀσθενεῖς τῷ σώματι.