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s’approprier ces phrases tombées au domaine public, qui sont en quelque sorte dans l’air. Nous voyons de même le secrétaire de Paul qui a écrit l’épître dite aux Éphésiens copier largement l’épître aux Colossiens. Un des traits qui caractérisent la littérature des épîtres est d’offrir beaucoup d’emprunts aux écrits du même genre composés antérieurement[1].

Les quatre premiers versets du chapitre v de la Iª Petri excitent bien quelques soupçons. Ils rappellent les recommandations pieuses, un peu plates, empreintes d’un esprit hiérarchique, qui remplissent les fausses épîtres à Timothée et à Tite. En outre, l’affectation que met l’auteur à se donner pour « un témoin des souffrances du Christ » soulève des appréhensions analogues à celles que nous causent les écrits pseudo-johanniques par leur persistance à se présenter comme les récits d’un acteur et d’un spectateur. Il ne faut pourtant point s’arrêter à cela. Beaucoup de traits aussi sont favorables à l’hypothèse de l’authenticité. Ainsi les progrès vers la hiérarchie sont dans la Iª Petri à peine sensibles. Non-seulement il n’y est pas question d’episcopos[2] ; chaque

  1. Voir, outre les épîtres insérées au Canon, les épîtres de Clément Romain, d’Ignace, de Polycarpe.
  2. I Petri, ii, 25, montre que le sens du mot n’était pas encore spécialisé.