La manie incendiaire étant contagieuse et souvent compliquée d’hallucination, il est très-dangereux de la réveiller dans les têtes faibles où elle dort. Un des traits du caractère de Néron était de ne pouvoir résister à l’idée fixe d’un crime. L’incendie de Troie, qu’il jouait depuis son enfance[1], l’obsédait d’une manière terrible[2]. Une des pièces qu’il fit représenter dans une de ses fêtes était l’Incendium d’Afranius, où l’on voyait sur la scène un embrasement[3]. Dans un de ses accès de fureur égoïste contre le sort, il s’écria : « Heureux Priam, qui a pu voir de ses yeux son empire et sa patrie périr à la fois[4] ! » Dans une autre circonstance, entendant citer un vers grec du Bellérophon d’Euripide qui signifiait :
— « Oh non ! dit-il, mais bien moi vivant[5] ! » La tradition selon laquelle Néron brûla Rome uniquement pour avoir la répétition de l’incendie de Troie[6] est
- ↑ Ces jeux étaient fort à la mode. Dion Cass., XLVIII, 20 ; LIV, 26 ; Suét., Jul., 39 ; Aug., 43 ; Tib., 6 ; Caius, 18 ; Claude, 21 ; Néron, 7 ; Servius, ad Virg. Æn., V, 602. Cf. Perse, i, 4, 51.
- ↑ Suétone, Néron, 7, 11, 22, 47 ; Tacite, Ann., XV, 39 ; Dion Cassius, LXII, 16, 18, 29.
- ↑ Suétone, Néron, 11.
- ↑ Dion Cassius, LXII, 16. Cf. LVIII, 23.
- ↑ Suétone, Néron, 38. Cf. Dion Cassius, LVIII, 23.
- ↑ Eusèbe, Chron., à l’année 65 ; Orose, VII, 7. Le mot rap-