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est plus probable que Pierre, peu habitué à écrire et ne se dissimulant pas sa stérilité littéraire, n’hésita pas à s’approprier des phrases pieuses qui se répétaient sans cesse autour de lui, et qui, bien que parties de systèmes différents, ne se contredisaient pas d’une manière formelle. Pierre semble, heureusement pour lui, être resté toute sa vie un théologien fort médiocre ; la rigueur d’un système conséquent ne doit pas être cherchée dans son écrit.

La différence des points de vue où se plaçaient habituellement Pierre et Paul se trahit, du reste, dès la première ligne de cet écrit : « Pierre, apôtre de Jésus-Christ, aux élus expatriés de la dispersion de Pont, de Galatie, etc. » De telles expressions sont toutes juives. La famille d’Israël, selon les idées palestiniennes, se composait de deux fractions : d’une part, ceux qui habitaient la terre sainte ; de l’autre, ceux qui ne l’habitaient pas[1], compris sous le nom général de « la dispersion[2] ». Or, pour Pierre et pour Jacques[3], les chrétiens, même païens d’origine[4], sont si bien une portion du peuple

  1. Toschabim = παρεπίδημοι.
  2. Galoutha = διασπορά. Cf. Jean, vii, 35.
  3. Comp. Jac., i, 1.
  4. Les passages I Petri, i, 14, 18 ; ii, 9, 10 ; iii, 6 ; iv, 3, s’adressent notoirement à des païens convertis.