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me servît à ta place dans les chaînes de l’Évangile ; mais je n’ai rien voulu faire sans ton avis, de peur que cette bonne action n’eût l’air de t’avoir été imposée, et ne vînt pas de ton plein gré. Peut-être, en effet, Onésime n’a-t-il été quelque temps séparé de toi qu’afin que tu le retrouves à jamais[1], non plus comme esclave, mais comme frère bien-aimé au lieu d’esclave. Il est cela pour moi ; à combien plus forte raison doit-il l’être pour toi, et selon la chair et selon Christ ! Si donc tu es en communion avec moi, reçois-le comme moi-même. Et s’il t’a fait quelque tort, s’il te doit quelque chose, passe-le à mon compte.

Paul prit alors la plume, et, pour donner à sa lettre la valeur d’une vraie créance, ajouta ces mots :

Moi, Paul, j’ai écrit ceci de ma main. Je payerai sans reproche et sans te rappeler ce que, de ton côté, tu me dois. Oui, frère, puissé-je être content de toi dans le Seigneur ! Réjouis mes entrailles en Christ.

Puis il se remit à dicter :

Confiant en ton obéissance, je t’ai écrit, sachant que tu feras plus que je ne te dis. Prépare-toi aussi à me recevoir ; car j’espère que, grâce à vos prières, je vous serai rendu. Épaphras, mon compagnon de chaîne en Christ Jésus, Marc, Aristarque, Démas, Luc, mes collaborateurs, te saluent.

  1. Il y a peut-être ici une allusion au Lévitique, xxv, 46, passage qui servait de base à beaucoup de disputes rabbiniques.