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soustraites à toute influence juive, composées presque uniquement de païens[1], ces Églises inclinaient à une sorte de mélange du christianisme, de la philosophie grecque et des cultes locaux[2]. Dans cette paisible petite ville de Colosses, au bruit des cascades, au milieu des gouffres d’écume, en face d’Hiérapolis et de son éblouissante montagne[3], grandissait chaque jour la croyance à la pleine divinité de Jésus-Christ. Rappelons que la Phrygie était un des pays qui avaient le plus d’originalité religieuse. Ses mystères renfermaient ou avaient la prétention de renfermer un symbolisme élevé. Plusieurs des rites qu’on y pratiquait n’étaient pas sans analogie avec ceux du culte nouveau[4]. Pour des chrétiens sans tradition antérieure, n’ayant pas traversé le même apprentissage de monothéisme que les juifs, la tentation devait être forte d’associer le dogme chrétien à de vieux symboles, qui se présen-

  1. Ephes., ii, 19 et suiv. ; iii, 1 et suiv. ; iv, 17, 22 ; en se rappelant que l’épître dite aux Éphésiens fut, à ce qu’il semble, destinée aux Églises de la vallée du Lycus. V. Saint Paul, p. xiv et suiv., et ci-après, p. 91-93.
  2. Col., ii, 4, 8.
  3. Voir Saint Paul, p. 358-360.
  4. Garrucci, Tre sepolcri (Naples, 1852), et Les mystères du syncrétisme phrygien, dans les Mél. d’arch. des PP. Cahier et Martin, vol. IV (1856). p. 1 et suiv.