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Il y avait en toutes ces fables de vives allusions aux événements contemporains. Ce prévoyant Noé, ce pieux Hénoch, qui ne cessent de prédire le déluge à des étourdis qui, pendant ce temps-là, mangent, boivent, se marient, s’enrichissent[1], que sont-ils, si ce n’est les voyants des derniers jours, avertissant en vain une génération frivole, qui ne veut pas admettre que le monde est près de finir ? Une branche entière, une sorte de période de vie souterraine s’ajoutait à la légende de Jésus. On se demandait ce qu’il fit durant les trois jours qu’il passa dans le tombeau[2]. On voulut que pendant ce temps il fût descendu, en livrant un combat à la Mort, dans les prisons infernales où étaient renfermés les esprits rebelles ou incrédules[3] ; que là il eût prêché les ombres et les démons, et préparé leur délivrance[4] Cette conception était nécessaire pour

    ii, 4, 11. Voir Hénoch, ch. 6 et suiv., en comparant Gen., v, 22 ; vi, 1 et suiv. ; Étienne de Byz., au mot Ἰκόνιον.

  1. Cf. Luc, xvii, 26 et suiv.
  2. Pour l’acheminement de l’imagination vers ce dogme, voir Act., ii, 24, 27, 31.
  3. I Petri, iii, 22, Vulgate.
  4. I Petri, iii, 19-20, 22 ; iv, 6 ; passage interpolé de Jérémie ; Justin, Dial. cum Tryph., 72 ; Irénée, III, xx, 4 ; IV, xxii, 1 ; xxvii, 2 ; xxxiii, 1, 12 ; V, xxxi, 1 ; Tertullien, De anima, 7, 55 ; Clém. d’Alex., Strom., VI, 6 ; Origène, Contra Cels., II, 43 ; Hippolyte, De Antichristo, c. 26. Les efforts des théologiens pro-