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nir les fidèles contre la doctrine de Paul sur l’inutilité des œuvres et sur le salut par la foi[1]. Une phrase de Jacques (ii, 24) est la négation directe d’une phrase de l’Épître aux Romains (iii, 28). En opposition avec l’apôtre des gentils (Rom., iv, 1 et suiv.), l’apôtre de Jérusalem soutient (ii, 21 et suiv.) qu’Abraham fut sauvé par les œuvres, que la foi sans les œuvres est une foi morte. Les démons ont la foi, et apparemment ne sont pas sauvés. Sortant ici de sa modération habituelle, Jacques appelle son adversaire un « homme creux[2] ». Dans un ou deux autres endroits[3], on peut voir une allusion détournée aux débats qui divisaient déjà l’Église, et qui rempliront l’histoire de la théologie chrétienne quelques siècles plus tard.

Un esprit de haute piété et de charité touchante animait cette Église de saints. « La religion pure et immaculée devant le Dieu Père, disait Jacques, est de veiller sur les orphelins et les veuves dans leur détresse[4]. » Le pouvoir de guérir les maladies, sur-

  1. En cela Jacques est ébionite. Voir Philosophumena, VII, 34 ; X, 22.
  2. Jac., ii, 20. Comparez le mot de Rabbi Siméon, contemporain de Jacques. Pirke aboth, i, 17.
  3. Jac., i, 22 et suiv., v, 19-20.
  4. Ibid., i, 27.