Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 4 Antechrist, Levy, 1873.djvu/116

Cette page a été validée par deux contributeurs.

depuis la porte de sa maison jusqu’au sanctuaire[1]. Le pontificat s’était ainsi singulièrement abaissé. Ces prêtres mondains rougissaient de ce que leurs fonctions avaient de plus saint. Les pratiques du sacrifice étaient devenues repoussantes pour des gens raffinés, que leur devoir condamnait au métier de boucher et d’équarrisseur ! Plusieurs se faisaient faire des gants de soie, pour ne pas gâter par le contact des victimes la peau de leurs mains. Toute la tradition talmudique, d’accord sur ce point avec les Évangiles et avec l’Épître de Jacques, nous représente les prêtres des dernières années avant la ruine du temple comme gourmands, adonnés au luxe, durs pour le pauvre peuple. Le Talmud contient la liste fabuleuse de ce qu’il fallait pour l’entretien de la cuisine d’un grand prêtre ; cela dépasse toute vraisemblance, mais indique l’opinion dominante. « Quatre cris sortirent des parvis du temple, dit une tradition ; le premier : « Sortez d’ici, descendants d’Éli ; vous souillez le temple de l’Éternel ; » le second : « Sortez d’ici, Issachar de Kaphar-Barkaï, qui ne respectez que vous-même, et qui profanez les victimes consacrées au ciel » (c’était celui qui s’enveloppait les mains de soie en faisant son service) ; le troisième : « Ouvrez-vous, portes ;

  1. Midrasch Eka, i, 16.