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sagesse douce et reposée de l’Ecclésiaste[1]. L’authenticité de tels écrits, vu le nombre des fausses lettres apostoliques qui circulaient[2], est toujours douteuse. Peut-être le parti judéo-chrétien, habitué à faire jouer à son gré l’autorité de Jacques, lui attribua-t-il ce manifeste, où le désir de contredire les novateurs se fait sentir[3]. Certainement, si Jacques y eut quelque part, il n’en fut pas le rédacteur. Il est douteux que Jacques sût le grec ; sa langue était le syriaque[4] ; or l’Épître de Jacques est de beaucoup l’ouvrage le mieux écrit du Nouveau Testament ; la grécité en est pure et presque classique[5]. À cela près, le morceau convient parfaitement au caractère de Jacques. L’auteur est bien un rabbin juif ; il tient fortement à la Loi ; pour désigner la réunion des fidèles, il se sert du mot de « synagogue[6] » ; il est adversaire de Paul ; son épître ressemble pour le ton aux Évangiles synoptiques, que nous verrons plus tard sortir de la famille chrétienne dont Jacques avait été le chef. Et néanmoins, le nom du Christ y est mentionné

  1. Voir surtout le chap. iii, sur la langue, charmant petit morceau dans le goût des anciens parabolistes hébreux.
  2. II Thess., ii, 2.
  3. Comp. Rom., iii, 27-28 ; iv, 2-5 ; v, 1, à Jac., ii, 21-24.
  4. Eusèbe, Demonstr. evang., III, 5 et 7.
  5. L’Épître de Jude a le même caractère.
  6. Jac., ii, 2. Plus loin, v, 14, il emploie ἐκκλησία.