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méchants qui le redoutent. Pierre, de son côté, était le plus tranquille des hommes ; nous allons bientôt trouver la doctrine de la soumission aux puissances enseignée sous son nom, presque dans les mêmes termes que chez Paul[1]. L’école qui se rattacha plus tard à Jean partageait les mêmes sentiments sur l’origine divine de la souveraineté[2]. Une des plus grandes craintes des chefs était de voir les fidèles compromis dans de mauvaises affaires, dont l’odieux vînt à retomber sur l’Église tout entière[3]. Le langage des apôtres, à ce moment suprême, fut d’une extrême prudence. Quelques malheureux mis à la torture, quelques esclaves fustigés s’étaient laissés aller à l’injure, appelant leurs maîtres idolâtres, les menaçant de la colère de Dieu[4]. D’autres, par excès de zèle, déclamaient tout haut contre les païens et leur reprochaient leurs vices ; les confrères plus sensés les appelaient avec esprit « évêques » ou « surveillants de ceux du dehors[5] ». Il leur arrivait de cruelles mésaventures ; les sages directeurs de la communauté, loin de les exalter, leur disaient assez

  1. I Petri, ii, 13 et suiv.
  2. Jean, xix, 11.
  3. I Petri, ii, 11-12 ; iv, 15.
  4. Ibid., ii, 23.
  5. Ἀλλοτριοεπίσκοποι.