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ment[1]. Les manuscrits anciens de provenance latine suffiraient, nous l’avons vu, pour témoigner de la répugnance que l’Occident éprouva quand cette épître lui fut présentée comme un ouvrage de Paul. Il est clair que, lorsqu’on fit, s’il est permis de parler ainsi, l’editio princeps des lettres de Paul, le nombre des lettres fut fixé à treize. On s’habitua sans doute de bonne heure à mettre à la suite de ces treize lettres l’épître aux Hébreux, écrit apostolique anonyme, qui se rapproche à quelques égards pour les idées des écrits de Paul. De là il n’y avait qu’un pas à faire pour arriver à penser que l’épître aux Hébreux était de l’apôtre. Tout porte à croire que cette induction fut tirée à Alexandrie, c’est-à-dire dans une Église relativement moderne si on la compare aux Églises de Syrie, d’Asie, de Grèce, de Rome. Une telle induction ne peut avoir de valeur en critique, si de bonnes preuves intrinsèques détournent d’un autre côté d’attribuer l’épître en question à l’apôtre Paul.

Or, c’est ce qui a lieu en réalité. Clément d’Alexandrie et Origène, bons juges en fait de style grec, ne trouvent pas à notre épître la couleur du style de

  1. Passages d’Eusèbe, de saint Jérôme, de Primasius, de Philastre, d’Isidore de Séville, précités.