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prisonniers où étaient beaucoup de passagers aggravait la situation ; ils pouvaient se sauver à la nage et échapper à leurs gardiens ; les soldats proposaient de les tuer. L’honnête Julius repoussa cette idée barbare. Il ordonna à ceux qui savaient nager de se jeter les premiers à l’eau et de gagner la terre, pour aider au sauvetage des autres. Ceux qui ne savaient point nager s’échappèrent sur des planches et des épaves de toute sorte ; personne ne périt.

On apprit bientôt qu’on était à Malte[1]. L’île, depuis longtemps soumise aux Romains et déjà fort latinisée, était riche et prospère[2]. Les habitants se montrèrent humains, et allumèrent un grand feu pour les malheureux naufragés. Ceux-ci, en effet, étaient transis de froid, et la pluie continuait de tomber par torrents. Un incident très-simple, grossi par l’imagination des disciples de Paul, eut lieu alors[3]. En prenant une poignée de broussailles, pour la je-

  1. La Cala di san Paolo à Malte (voir la carte de l’amirauté anglaise, 1863) répond bien au récit des Actes. L’île de Salmonetta ou Gzeier serait le τόπος διθάλασσος. Voir Smith, p. 91 et suiv. ; Conybeare et Howson, II, p. 351 et suiv.
  2. Cicéron, In Verrem, II, iv, 46 ; Diod. de Sic., V, xii, 2 et 4 ; Ovide, Fastes, III, 567 ; Silius Italicus, XIV, 251 ; Corp. inscr. gr., no 5754 ; Henzen, no 6124. Les inscriptions de Malte sont puniques, grecques et latines.
  3. Cf. Marc, xvi, 18.