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senté par le tribun de la cohorte, lequel résidait avec toute sa force armée dans la tour Antonia, à l’angle nord-ouest du temple. Le tribun, à ce moment, était un certain Lysias, Grec ou Syrien d’origine, qui, par des protections achetées à prix d’argent, avait obtenu de Claude le titre de citoyen romain, et avait dès lors ajouté à son nom celui de Claudius[1]. À la nouvelle du tumulte, il accourut, avec quelques centurions et un détachement, par un des escaliers qui mettaient la tour en communication avec les parvis[2]. Les fanatiques alors cessèrent de frapper Paul. Le tribun le fit saisir et lier de deux chaînes, lui demanda qui il était, ce qu’il faisait ; mais le tumulte empêchait d’entendre un mot ; les bruits les plus divers se croisaient. C’était quelque chose d’affreux qu’une émeute juive ; ces fortes figures crispées, ces gros yeux sortant de leurs orbites, ces grincements de dents, ces vociférations, ces gens jetant de la poussière en l’air, déchirant leurs vêtements ou les tiraillant convulsivement[3], donnaient l’idée de démons. Quoique la foule fût sans armes, les Romains

  1. Comp. Corpus inscr. gr., no 4528 e ; Mission de Phénicie, p. 202.
  2. Jos., B. J., V, v, 8 ; de Vogüé, le Temple de Jérusalem, p. 52, pl. xv et xvi.
  3. Act., vii, 54 ; xxii, 13.