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plissait les prescriptions avec les nazirs. « Au secours ! enfants d’Israël, crièrent-ils. Voici l’homme qui déclame partout contre le peuple juif, contre la Loi, contre ce saint lieu. Voici le profanateur du temple, celui qui a introduit des païens dans le sanctuaire. » Toute la ville fut bientôt en émoi. Une grande foule s’assembla. Les fanatiques s’emparèrent de Paul ; leur volonté arrêtée était de le tuer. Mais verser le sang dans l’intérieur du temple eût été une pollution du lieu saint. On entraîna donc Paul hors du temple, et à peine fut-il sorti que les lévites fermèrent les portes derrière lui. On se mit alors en devoir de l’assommer. C’en était fait de lui, si l’autorité romaine, qui seule maintenait dans ce chaos une ombre d’ordre, ne fut intervenue pour l’arracher d’entre les mains des forcenés.

Le procurateur de Judée, surtout depuis la mort d’Agrippa Ier, résidait habituellement à Césarée[1], ville profane, ornée de statues, ennemie des Juifs et l’opposé en tout de Jérusalem[2]. Le pouvoir romain à Jérusalem était, en l’absence du procurateur, repré-

  1. Tacite, Hist., II, 79. Déjà Pilate y résida : Jos., Ant., XVIII, iii, l ; B. J., II, ix, 2-3, non cependant habituellement : Philon, Leg., 38.
  2. Jos., Ant., XX, viii, 7, 9 ; B. J., II, xiii, 7 ; xiv, 4 et suiv. ; xviii, 1 ; III, ix, 1 ; VII, iii, 1 ; Philon, Leg., 38.