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peler le ton d’un maître parlant avec autorité ; il ne fit pas de salutations personnelles[1]. Avec ces précautions, il pensa que son titre, désormais reconnu, d’apôtre des gentils[2] lui donnait le droit de s’adresser à une Église qu’il n’avait jamais vue[3]. L’importance de Rome comme capitale de l’empire le préoccupait ; depuis plusieurs années, il nourrissait le projet de s’y rendre[4]. Ne pouvant exécuter encore son dessein, il voulut donner une marque de sympathie à cette Église illustre, laquelle renfermait une classe de fidèles dont il s’envisageait comme le pasteur[5], et lui annoncer la bonne nouvelle de sa future arrivée[6].

La composition et l’envoi de l’épître dite « aux Romains » occupèrent la plus grande partie des trois mois d’hiver que Paul passa cette fois à Corinthe[7]. Ce

  1. Voir l’introduction, p. lxiii et suiv.
  2. Rom., i, 1, 5, 11, 13, 14 ; xi, 13 ; xv, 14-16, 18.
  3. Rom., i, 10 et suiv. ; xv, 22 et suiv. (cf. Act., xix, 21), montrent que l’apôtre supposait l’Église de Rome en pleine conformité de principes avec lui.
  4. Rom., i, 10 et suiv. ; xv, 22 et suiv. ; Act., xix, 21.
  5. Rom., i, 5-7, 9 et suiv. ; xi, 13 ; xv, 14-16.
  6. Rom., i, 10 et suiv. ; xv, 29, 32, parties propres à l’exemplaire adressé aux Romains.
  7. Ceux qui tiennent à ce que Tit., iii, 12, réponde à quelque réalité historique peuvent supposer que Paul, durant ces trois mois d’hiver, fit le voyage de Nicopolis d’Épire, et s’appuyer superfi-