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prendre une chair de péché, semblable à la nôtre, pour détruire le péché. Mais cette délivrance n’a lieu que si l’homme rompt avec la chair et vit selon l’Esprit. La sagesse de la chair est la grande ennemie de Dieu ; elle est la mort même. L’Esprit, au contraire, est la vie. Par lui, nous sommes constitués fils adoptifs de Dieu ; par lui, nous crions Abba, c’est-à-dire « Père[1] ». Mais, si nous sommes fils de Dieu, nous sommes aussi ses héritiers et les cohéritiers de Christ. Après avoir participé à ses souffrances, nous participerons à sa gloire. Que sont toutes les souffrances actuelles auprès de la gloire qui va bientôt éclater pour nous ? La création tout entière attend cette grande apocalypse des fils de Dieu. Elle gémit, elle est en quelque sorte dans les angoisses de l’enfantement ; mais elle espère. Elle espère, dis-je, être délivrée de la servitude où elle gémit, assujettie qu’elle est à l’infirmité et à la corruption, et passer à la liberté glorieuse des fils de Dieu. Nous aussi, qui avons reçu les prémices de l’Esprit, nous gémissons en nous-mêmes, attendant le moment où notre élévation à l’état de fils de Dieu sera complète et où notre corps sera délivré de sa fragilité. C’est l’espérance qui nous sauve ; or on n’espère pas ce

  1. Allusion aux mots hébreux que prononçaient les glossolales.