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pour ne pas leur montrer toujours un visage morose. « Si je vous contristais, ajoute-t-il, que deviendrais-je, n’ayant pour m’égayer que celui que j’aurais contristé[1] ? » Il leur a écrit sa dernière lettre avec larmes et le cœur navré ; mais, à présent, tout est oublié ; il se souvient à peine qu’il a été mécontent. Par moments, il se repent, songeant qu’il les a affligés ; puis, voyant quels fruits de pénitence a produits cette affliction, il ne peut plus se repentir. La tristesse selon Dieu est salutaire ; la tristesse selon le monde amène la mort[2]. Peut-être aussi a-t-il été bien sévère. En ce qui concerne l’incestueux, par exemple, la honte qu’il a subie est un châtiment suffisant. Il faut plutôt le consoler, de peur qu’il ne meure de chagrin ; tel qu’il est, il a droit encore à la charité. L’apôtre confirme donc de grand cœur la mitigation de sa peine. S’il s’est montré si dur, c’était uniquement pour mettre à l’épreuve la docilité de ses fidèles[3]. Maintenant, il voit bien qu’il n’avait pas trop compté sur eux. Tout ce qu’il avait dit d’avantageux sur leur compte à Titus s’est trouvé vérifié ; ils n’ont pas voulu que leur

  1. II Cor., ii, 2.
  2. Ibid., vii, 8 et suiv.
  3. Ibid., ii, 5-11 ; vii, 11, 12.