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velles, quoique tous les nuages fussent loin d’être dissipés. La lettre avait produit l’effet le plus profond. À sa lecture, les disciples de Paul avaient éclaté en sanglots. Presque tous avaient témoigné à Titus, en versant des larmes, l’affection profonde qu’ils portaient à l’apôtre, le regret de l’avoir affligé, le désir de le revoir et d’obtenir de lui le pardon. Ces natures grecques, mobiles et inconstantes, revenaient au bien avec la même promptitude qu’elles l’avaient quitté. Il se mêlait de la crainte à leurs sentiments. On supposait l’apôtre armé des pouvoirs les plus terribles[1] ; devant ses menaces, tous ceux qui lui devaient la foi tremblèrent et cherchèrent à se disculper. Ils n’avaient pas assez d’indignation contre les coupables ; chacun cherchait par son zèle contre ces derniers à se justifier et à détourner la sévérité de l’apôtre[2]. Titus fut comblé par les fidèles de Paul des attentions les plus délicates. Il revint enchanté de la réception qu’on lui avait faite, de la ferveur, de la docilité, de la bonne volonté qu’il avait trouvée dans la famille spirituelle de son maître[3]. La collecte n’était pas très-avancée ; mais on pouvait espérer qu’elle serait fructueuse[4].

  1. Voir ci-dessus, p. 391-392.
  2. II Cor., vii, 7, 11, 15.
  3. Ibid., vii, 13-15.
  4. Ibid., viii, 6 et suiv.