Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/526

Cette page a été validée par deux contributeurs.

taines catégories étaient libres de se voir entre eux, de s’associer dans une certaine mesure, de former des confréries, des espèces de tontines et des cotisations en vue de leurs funérailles[1]. Il n’est pas impossible que plusieurs de ces hommes et de ces femmes pieuses qui se vouaient au service de l’Église fussent esclaves, et que les heures qu’ils donnaient au diaconat fussent celles que leurs maîtres leur laissaient. Aux temps où se passe cette histoire, la condition servile renfermait des gens polis, résignés, vertueux, instruits, bien élevés[2]. Les plus hautes leçons de morale vinrent d’esclaves ; Épictète passa en servitude une grande partie de sa vie. Les stoïciens, les sages disaient comme saint Paul à l’esclave : « Reste ce que tu es ; ne songe pas à t’affranchir[3]. » Il ne faut pas juger des classes populaires dans les villes grecques par notre populace du moyen âge, lourde, brutale, grossière, incapable de distinction. Ce quelque chose de fin, de délicat, de poli qu’on sent dans les relations des premiers chré-

  1. Inscr. de Lanuvium, 2e col., ligne 3 et suiv.
  2. Inscr. no 77 de Pittakis, dans l’Ἐφημερὶς ἀρχαιολογική d’Athènes, 1838, p. 121.
  3. Arrien, Epict. Dissert., III, 26 ; Dion Chrysostome, orat. xiv, p. 269 et suiv. (Emperius). Cf. ci-dessus, p. 257, et, dans notre tome IV, ce qui concernera la Iª Petri.