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lisés. La science enfle, mais la charité édifie. Tout est permis à l’homme éclairé ; mais tout n’est pas opportun, tout n’édifie pas[1]. Il ne faut pas seulement songer à soi, il faut aussi songer aux autres. C’est ici une des pensées favorites de Paul, et l’explication de plusieurs épisodes de sa vie, où on le voit s’assujettir, par égard pour les personnes timorées, à des observances dont il ne faisait aucun cas. « Si la viande que je mange, dit-il, tout innocente qu’elle est, scandalisait mon frère, je renoncerais à manger de la viande pour l’éternité. »

Quelques fidèles allaient cependant un peu trop loin. Entraînés par leurs relations de famille, ils prenaient part aux festins qui suivaient les sacrifices et qui avaient lieu dans les temples. Paul blâme cet usage, et, selon une manière de raisonner qui lui est familière, part d’un principe différent de celui qu’il admettait tout à l’heure. Les dieux des nations sont des démons ; participer à leurs sacrifices, c’est avoir commerce avec les démons. On ne peut à la fois participer à la table du Seigneur et à la table des démons, boire à la coupe du Seigneur et à la coupe des démons[2]. Les festins qui se font dans les mai-

  1. I Cor., vi, 2 ; x, 22-24, 33.
  2. I Cor., viii, 10 ; x, 14 et suiv. Comp. II Cor., vi, 14 et suiv. Cf. Homél. pseudo-clém., vii, 4, 8.