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Ce n’était point là l’unique cause de trouble. Corinthe était un point très-fréquenté des étrangers. Le port de Kenchrées voyait aborder tous les jours des masses de Juifs et de Syriens, dont plusieurs étaient déjà chrétiens, mais d’une autre école que celle de Paul, et peu bienveillants pour l’apôtre. Les émissaires de l’Église de Jérusalem, que nous avons déjà rencontrés, à Antioche et en Galatie, sur les traces de Paul, avaient atteint Corinthe. Ces nouveaux arrivés, grands parleurs, pleins de jactance[1], munis de lettres de recommandation des apôtres de Jérusalem[2], s’élevèrent contre Paul, répandirent des soupçons sur sa probité[3], diminuèrent ou nièrent son titre d’apôtre[4], poussèrent l’indélicatesse jusqu’à soutenir que Paul lui-même ne se croyait pas bien réellement apôtre, puisqu’il ne profitait pas des privilèges ordinaires de l’apostolat[5]. Son désintéressement était exploité contre lui. On le présentait comme un homme vain, léger, inconstant, parlant et menaçant beau-

  1. II Cor., v, 12 ; x, 12 et suiv. ; xi, 13, 16 et suiv. ; Rom., xv, 18, 20.
  2. II Cor., iii, 1 ; iv, 2 ; v, 12 ; x, 12, 18 ; xii, 11. Cf. Recognit. IV, 35 ; Homél. pseudo-clém., xi, 35.
  3. I Cor., ix, 2 ; II Cor., xii, 16. Cf. Jud., 11, 16.
  4. I Cor., ix, 2-3.
  5. I Cor., ix, 1 et suiv. ; II Cor., xi, 7 et suiv.