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temps le nom de Jésus[1]. Le christianisme s’alluma dans toute l’Asie Mineure comme un soudain incendie. Il est probable que les judéo-chrétiens travaillaient de leur côté à y répandre l’Évangile. Jean, qui appartenait à ce parti[2], fut reçu en Asie comme un apôtre d’une autorité supérieure à celle de Paul. L’Apocalypse, adressée l’an 68 aux Églises d’Éphèse, de Smyrne, de Pergame, de Thyatires, de Sardes, de Philadelphie, de Laodicée sur le Lycus, paraît faite pour des judéo-chrétiens. Sans doute, entre la mort de Paul et la rédaction de l’Apocalypse, il y eut à Éphèse et en Asie comme une seconde prédication judéo-chrétienne. Néanmoins, si Paul avait été pendant dix ans l’unique chef des Églises d’Asie, on ne comprendrait pas qu’il y eût été si vite oublié. Saint Philippe[3] et Papias[4], gloires de l’Église d’Hiérapolis, Méliton[5], gloire de celle de Sardes, furent des judéo-chrétiens. Ni Papias, ni Polycrate d’Éphèse ne citent Paul ; l’autorité de Jean a tout absorbé, et Jean est pour ces Églises un grand prêtre juif. Les Églises d’Asie, au iie siècle, l’Église de Lao-

  1. I Petri, i, 1. Cf. Act., ii, 9-10.
  2. Apocal., ii et iii ; Polycrate, dans Eus., H. E., V, 24.
  3. Polycrate, dans Eusèbe, l. c.
  4. Tout l’ensemble de ses écrits.
  5. Eusèbe, H. E., IV, 26 ; V, 24. Il avait écrit sur l’Apocalypse.