Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/449

Cette page a été validée par deux contributeurs.

des lits de fleuves souterrains, des vasques fantastiques, semblables à une neige pétrifiée, servant de réservoir à des eaux qui reflètent toutes les nuances de l’arc-en-ciel, des fossés profonds où roulent en séries de cataractes des eaux retentissantes. De ce côté, la chaleur est extrême, le sol n’étant qu’une vaste plaine dallée de calcaire ; mais sur les hauteurs d’Hiérapolis, la pureté de l’air, la lumière splendide, la vue du Cadmus, nageant comme un Olympe dans un éther éblouissant, les sommets brûlés de la Phrygie s’évanouissant dans le bleu du ciel en une teinte rosée, l’ouverture de la vallée du Méandre, les profils obliques du Messogis, les blancs sommets lointains du Tmolus, produisent un véritable éblouissement. Là vécurent saint Philippe, Papias ; là naquit Épictète. Toute la vallée du Lycus offre le même caractère de rêveuse mysticité. La population n’était point grecque d’origine ; elle était en partie phrygienne. Il y eut aussi, ce semble, autour du Cadmus, un antique établissement sémitique, probablement une annexe de la Lydie[1]. Cette paisible

  1. J’essayerai un jour de montrer cela, en m’appuyant sur les noms de montagnes, de rivières, de villes, et sur d’autres particularités. Touchant le culte de Laodicée, voir Waddington, Voy. numism., p. 26 et suiv. Ce Ζεὺς Ἄσεις, avec sa chèvre, est, selon moi, l’Azazel des Sémites.