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déjà des colonies juives importantes[1]. La douceur des mœurs et les longs ennuis de la vie de province, au sein d’un beau et riche pays, mort depuis des siècles à toute vie politique et pacifié jusqu’à l’adulation[2], avaient préparé beaucoup d’âmes aux joies d’une vie pure. La mollesse des mœurs ioniennes, si contraire à l’indépendance nationale, était favorable au développement des questions morales et sociales. Ces populations bonnes, sans esprit militaire, féminines, si j’ose le dire, étaient naturellement chrétiennes. La vie de famille paraît avoir été chez elles très-forte ; l’habitude de vivre en plein air, et, pour les femmes, sur le seuil de leur porte, en un climat délicieux, avait développé une grande sociabilité[3]. L’Asie, avec ses asiarques, présidents

  1. Cic., Pro Flacco, 28 ; Jos., Ant., XII, iii, 4 ; XIV, x, 11, 14, 20 et suiv. ; XVI, vi, 2, 4, 6 ; Act., ii, 9.
  2. Voir l’ignoble concours de bassesse, raconté par Tacite, Ann., IV, 55-56. Notez les titres de θεὸς σύγκλητος, ἱερὰ σύγκλητος, donnés au sénat romain en cette province. Waddington, Voyage numismatique, p. 8, 23, etc. ; le même, Explication des inscriptions de Le Bas, III, p. 142 ; Numismatic chronicle, nouv. série, t. VI, p. 119.
  3. Impression du quartier grec de Smyrne le dimanche. (Observer que les villes, même quand elles ont eu des lacunes dans leur existence, ont comme un génie propre, un esprit qui fait qu’elles sont toujours plus ou moins semblables à elles-mêmes et qu’elles renaissent telles qu’elles furent.)