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répondre à ces questions. Paul était très-personnel ; il est permis de croire que plus d’une fois il attribua à une révélation privée ce qu’il avait appris de ses anciens[1]. L’Épître aux Galates est un morceau si extraordinaire, l’apôtre s’y peint avec tant de naïveté et de sincérité, qu’il serait souverainement injuste de tourner contre lui un document qui fait tant d’honneur à son talent et à son éloquence. Les soucis d’une étroite orthodoxie ne sont pas les nôtres ; à d’autres il appartient d’expliquer comment on peut être un saint, tout en malmenant le vieux Céphas. On ne rabaisse pas Paul au-dessous du commun des grands hommes, quand on montre que parfois il fut emporté, passionné, préoccupé de se défendre et de combattre ses ennemis. En toute chose ancêtre véritable du protestantisme, Paul a les défauts d’un protestant. Il faut du temps et bien des expériences pour arriver à voir qu’aucun dogme ne vaut la peine de résister en face et de blesser la charité. Paul n’est pas Jésus. Que nous sommes loin de toi, cher maître ! Où est ta douceur, ta poésie ? Toi qu’une fleur enchantait, et mettait dans l’extase, reconnais-tu bien pour tes disciples ces disputeurs, ces hommes acharnés sur leur prérogative, qui veu-

  1. On en a un exemple frappant dans I Cor., xi, 23.