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gens faciles à séduire ; le dernier qui venait leur parler au nom de Jésus était presque sûr d’avoir raison. Les Hiérosolymites eurent bientôt persuadé à un grand nombre d’entre eux qu’ils n’étaient pas bons chrétiens. Ils leur répétaient sans cesse qu’ils devaient se faire circoncire et observer toute la Loi. Avec la puérile vanité des juifs fanatiques, les députés présentaient la circoncision comme un avantage corporel ; ils en étaient fiers et n’admettaient pas qu’on pût être un homme comme il faut sans ce privilège. L’habitude de ridiculiser les païens, de les présenter comme des gens inférieurs et mal élevés, amenait ces idées bizarres[1]. Les Hiérosolymites répandaient en même temps contre Paul un flot d’invectives et de dénigrement. Ils l’accusaient de se poser en apôtre indépendant, tandis qu’il avait reçu sa mission de Jérusalem, où on l’avait vu à diverses reprises se mettre à l’école des Douze, comme un disciple. Venir à Jérusalem, n’était-ce pas reconnaître la supériorité du collège apostolique ? Ce qu’il savait, il l’avait appris des apôtres ; il avait accepté les règles que ceux-ci avaient posées. Ce missionnaire qui prétendait les dispenser de la circoncision savait fort bien au besoin la prêcher et la

  1. Gal., vi, 12 et suiv.