Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 3 Saint Paul, Levy, 1869.djvu/35

Cette page a été validée par deux contributeurs.

tres fabriquées avec une intention doctrinale est que le faussaire voit le public par-dessus la tête du prétendu destinataire, et écrit à celui-ci des choses que celui-ci sait très-bien, mais que le faussaire tient à faire entendre au public. Les trois épîtres que nous discutons ont à un haut degré ce caractère[1]. Paul, dont les lettres authentiques sont si particulières, si précises, Paul, qui, croyant à une prochaine fin du monde, ne suppose jamais qu’il sera lu dans des siècles, Paul serait ici un prêcheur général, assez peu préoccupé de son correspondant pour lui faire des sermons qui n’ont aucune relation avec lui, et lui adresser un petit code de discipline ecclésiastique en

    cité comme γραφή un passage de Luc, x, 7 ; or, l’Évangile de Luc n’existait pas, au moins comme γραφή, avant la mort de Paul. Enfin, l’organisation des Églises, la hiérarchie, le pouvoir presbytéral et épiscopal sont, dans ces épîtres, beaucoup plus développés qu’il n’est permis de les supposer, aux dernières années de la vie de saint Paul (voir Tit., i, 5 et suiv., etc. ; Timothée a reçu les dons spirituels par l’imposition des mains du collège des prêtres de Lystres : I Tim., iv, 14). La doctrine sur le mariage, I Tim., ii, 15 ; iv, 3 ; v, 14 (cf. iii, 4, 12 ; v, 10), est aussi d’un âge plus avancé de l’Église et paraît en contradiction avec I Cor., vii, 8 et suiv., 25 et suiv. Le destinataire des épîtres à Timothée est censé à Éphèse ; comment ne trouve-t-on dans ces épîtres aucune commission, aucune salutation expresse pour les Éphésiens ?

  1. Remarquez, par exemple, II Tim., iii, 10-11, ou bien I Tim., I, 3 et suiv., 20 ; Tit., i, 5 et suiv., et la mention de Ponce-Pilate, I Tim., vi, 13, etc.