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règle constante de l’apôtre était qu’il faut rester dans l’état où l’on a été appelé : Est-on appelé circoncis, ne pas dissimuler la circoncision ; est-on appelé incirconcis, ne pas se faire circoncire ; est-on vierge, rester vierge ; est-on marié, rester marié ; est-on esclave, ne pas s’en soucier, et, même si l’on peut se libérer, rester esclave[1]. « L’esclave appelé est l’affranchi du Seigneur ; l’homme libre appelé est l’esclave de Christ[2]. » Une immense résignation s’emparait des âmes, rendait tout indifférent, répandait sur toutes les tristesses de ce monde l’amortissement et l’oubli.

L’église était une source permanente d’édification et de consolation. Il ne faut pas s’imaginer les réunions des chrétiens de ce temps sur le modèle de ces froides assemblées de nos jours, où l’imprévu, l’initiative individuelle n’ont aucune part[3]. C’est plutôt aux conventicules des quakers anglais, des shakers américains et des spirites français qu’il faut songer. Pendant la réunion, tous étaient assis, chacun parlait quand il se sentait inspiré. L’illuminé se

  1. C’est le sens le plus probable de I Cor., vii, 21.
  2. I Cor., vii, 17-24 ; Col., iii, 22-25. Comparez la conduite de l’apôtre envers Onésime et Philémon.
  3. I Cor., xii, xiv. Comp. Philon (ut fertur), De vita contempl., § 10.