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des causes essentielles des croyances apocalyptiques[1].

Ce qui est clair, ce qui éclate encore pour nous dans ces inappréciables documents, ce qui explique le succès inouï de la propagande chrétienne, c’est l’esprit de dévouement, de haute moralité qui régnait dans ces petites Églises. On peut se les représenter comme des réunions de frères moraves ou de piétistes protestants adonnés à la plus haute dévotion, ou bien comme une sorte de tiers ordre et de congrégation catholique. La prière, le nom de Jésus étaient toujours sur les lèvres des fidèles[2]. Avant chaque action, avant le repas par exemple, ils prononçaient une bénédiction ou courte action de grâces[3]. On regardait comme une injure faite à l’Église de porter les procès devant les juges civils[4]. La persuasion d’un prochain anéantissement du monde enlevait au ferment révolutionnaire qui travaillait dans toutes les têtes une grande partie de son âcreté. La

  1. Comparez l’Apocalypse et Virg., Georg., I, 464 et suiv. ; rapprochez les Similitudes du livre d’Hénoch, le IVe livre d’Esdras, le livre IV des Vers sibyllins, des phénomènes de l’éruption du Vésuve.
  2. Col., iii, 17 ; iv, 2 ; Éph., v, 20.
  3. I Cor., x, 30, 31 ; Rom., xiv, 6 ; Col, iii, 17 ; Act., xxvii, 35 ; Constit. apost., VII, 49 ; Tertullien, Apolog., 39.
  4. I Cor., vi, 1 et suiv.