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« faux Christ », qui doit s’élever avant la grande apparition de Jésus lui-même ; sorte de messie de Satan, qui accomplira des miracles et voudra se faire adorer. À propos de Simon le Magicien, nous avons déjà rencontré l’idée singulière que les faux prophètes font des miracles tout comme les vrais[1]. L’opinion que le jugement de Dieu serait précédé de catastrophes terribles, d’un débordement d’impiété et d’abominations, du triomphe passager de l’idolâtrie, de l’avénement d’un roi sacrilège, était d’ailleurs fort ancienne, et remontait à la première origine des doctrines apocalyptiques[2]. Peu à peu, ce règne éphémère du mal, annonçant la victoire définitive du bien, arriva chez les chrétiens à se personnifier dans un homme, que l’on conçut comme l’inverse exact de Jésus, comme une sorte de Christ de l’enfer.

Le type de ce futur séducteur se composa, en partie, de souvenirs d’Antiochus Épiphane tel que le présentait le livre de Daniel[3], combinés avec des réminiscences de Balaam, de Gog et Magog, de Nabuchodonosor, en partie, de traits empruntés aux

  1. Cf. Matth., xxiv, 24.
  2. Daniel, vii, 25 ; ix, 27 ; xi, 36. Cf. Targum de Jérus., Nombr., xi, 26, et Deutér., xxxiv, 2 ; Targ. de Jonathan, Is., xi, 4, etc.
  3. Dan., xi, 36-39.